lundi 29 août 2022

Réussir ses tomates


 La culture de la tomate n'est pas si facile que cela. C'est une plante sensible aux maladies et dont la culture demande à être conduite de manière particulière pour donner un bon rendement. La jardinier
débutant sera parfois déçu par ses premières tentatives.
Plusieurs recommandations peuvent lui permettre de mieux maîtriser cette culture.

Semer et planter au bon moment

Si on pratique soit même ses semis, il faut semer en godets 6 à 8 semaines avant la plantation en pleine terre. Un semis trop précoce va conduire à garder les plants en godets plus longtemps que nécessaire et ils vont dépérir et mettre du temps à démarrer après la plantation. Si on achète les plants, qui sont la plupart du temps forcés en serre, il faut les acheter bien portant, bien verts et sans fleurs, dont la présence témoigne d'un semis trop précoce, et qui ne donneront de toute façon pas de fruits.

Endurcir les plants

Qu'ils soient achetés ou produits pas ses soins, il faut sortir les plants dans la journée et les mettre à l'abri la nuit pendant au moins 15 jours avant la plantation. Ils seront endurcis et n'en reprendront que
mieux après la mise en terre.

Ne pas attendre que les saints de glace soient passés pour planter (?) Voir la question du mois de la bafouille de mai 2022

Préparer le sol

La tomate est un légume exigeant. Avant la plantation, il faut enrichir le sol avec un compost bien mûr qu'on peut mettre au dernier moment dans le trou de plantation (compter un seau de 10l pour 2 à 3 plants). Le fait de mettre des feuilles d'ortie broyées au fond du trou est controversé. L'azote apporté par les orties provoquerait une croissance excessive de la plante au détriment de la formation de fruit. Il semblerait préférable d'utiliser de la feuille de consoude qui, elle, est riche en potasse et favorise la mise à fruit.
En sol acide, une demi poignée de cendres de bois enrichira le sol en potasse et en calcium, favorisera la mise en fruit et limitera le risque de “cul noir” (voir plus loin).

Planter aéré et profond

Il faut espacer les plants de tomate de manière à ce que l'air y circule facilement et que les feuilles puissent sécher rapidement en cas de rosée ou de pluie. C'est la manière la plus sûre d'éviter le mildiou. Il faut donc laisser 60 à 80cm entre les plants et 1 m entre les rangs, la solution idéale étant de disperser les rangs dans le jardin si on en prévoit plusieurs. Il faut planter suffisamment profond pour que le plant émette de nouvelles racines qui vont le renforcer. On peut aussi coucher le plant dans le trou pour obtenir le même effet. Et il faut éviter de manipuler avec les doigts la partie de la tige qui sera enterrée sous peine de compromettre la naissance de nouvelles racines.

Éviter le contact des feuilles avec le sol et pailler

Couper les 1ères feuilles de manière à ce qu'elles ne touchent pas le sol pour éviter le mildiou, et pailler le sol, toujours pour éviter le contact avec la terre et limiter l'assèchement du sol. Le paillis doit être réaliser quand le sol est suffisamment réchauffé, avec de la paille (hachée à la tondeuse pour être facilement étalée et faciliter sa décomposition), des résidus de tonte (renouvelés plusieurs fois en saison) ou des feuilles.

Apporter régulièrement des nutriments

La tomate est une plante exigeante. Arroser tous les 10-15 jours avec du purin dilué à 10% et/ou pulvérisez (le matin par temps sec) à la même fréquence du purin dilué à 5%. Le mélange 1⁄3 purin d'ortie, 1⁄3 purin de consoude et 1⁄3 purin de prêle est recommandé (respectivement apport d'azote, de potasse et antifongique préventif).

Tuteurer et enlever les gourmands

Ces opérations ne font pas l'unanimité. Certains défendent ces pratiques, d'autres soutiennent qu'il faut laisser les tomates vivre leur vie. L'association fait cette année, au jardin de Pombonne, une expérimentation pour vérifier les résultats obtenus avec les deux modes de conduite. La conduite “libre” nécessite des conditions de culture optimales, sur paillage épais pour éviter tout contact des feuilles et des fruits avec le sol. La conduite “maîtrisée” se fait sur une ou deux tiges tuteurées en supprimant les gourmands dès qu'ils apparaissent. Il faut les couper proprement (au sécateur) sans blesser la
plante, de préférence le matin pour que la plaie ai le temps de sécher. En Bergeracois, on peut tailler le plant au dessus du 5ème bouquet pour que toutes les tomates aient le temps de mûrir et éviter d'épuiser la plante. A noter que les gourmands peuvent servir à faire un purin (100g/litre d'eau) répulsif pour certains parasites (piéride du chou, altise, teigne du poireau, mouche de la carotte) et insecticide contre les pucerons. En arrosage, il apporte des nutriments aux plantes gourmandes (tomate, courges, choux, ...).

Cultiver plusieurs variétés

En cultivant plusieurs variétés, on testera les réactions des plantes aux conditions de culture locales pour voir qu'elles sont les variétés les mieux adaptées (croissance, rendement, résistance aux maladies, ...). On pourra ainsi conserver et resemer les graines de ces variétés.

Bien gérer les arrosages

Il faut arroser au pied et éviter de mouiller les feuilles pour limiter les risques de mildiou. La régularité des arrosages et leur modération est un facteur de maîtrise du développement de la nécrose apicale (voir ci-dessous). L'arrosage en goutte à goutte sur un sol paillé est une des solutions les meilleures.

Détecter les maladies et appliquer les traitements naturels appropriés

Le mildiou
La tomate est un légume sensible à plusieurs maladies dont la plus connue est le mildiou. Le mildiou est une maladie cryptogamique due à un champignon du sol qui se développe sur les plantes dans certaines conditions de forte humidité et de température (17-20°C). Le mildiou est une maladie qui ne se traite pas lorsqu'elle est installée. Il est donc plus essentiel de chercher à l'éviter. Nous avons vu précédemment qu'il fallait planter aéré. Il faut également éviter d'arroser sur les feuilles, toujours au pied. En préventif, on pulvérise, sur et sous les feuilles, tous les 15 jours, du purin d'ortie et de prêle
(dilué à 5%) auquel on ajoute une cuillère à soupe de bicarbonate par litre d'eau. En cas d'attaque, la seule solution pour limiter les dégâts est de supprimer les feuilles atteintes. L'idéal est de protéger les tomates de la pluie, mais cela à un coût (abri, serre). Un autre moyen qui a également un coût est d'utiliser des plants greffés. On peut aussi greffer ses propres  plants (voir la vidéo). Dans ce cas on utilise un porte greffe résistant au mildiou (tomate Petit moineau, porte greffe Arnold, Maxifort, ...). Certaines variétés anciennes résistent mieux que d'autres au mildiou (Cœur de bœuf -la vraie!-, Rose de
Berne, Andine Cornue, Yellow Stuffer, Merveille des marchés, Evergreen). Les tomates cerise sont en général plus résistantes car elles ont un système racinaire très développé qui les rend plus fortes.  


Le cul noir
Le cul noir n'est pas à proprement parler une maladie, mais une nécrose apicale due à une carence en calcium. Certaines variétés à fruits longs, comme l'Andine Cornue, sont sensibles à ce phénomène. Il serait dû à une croissance trop rapide, à une fertilisation et un arrosage excessif et irrégulier. Cette nécrose n'apparaît que dans les terres à pH acide à neutre, comme dans la plaine alluvionnaire de la Dordogne, plus rarement dans les coteaux, de nature plutôt argilocalcaire. Dans les zones à risque, l faut éviter de trop enrichir la terre en azote (éviter par exemple les orties broyées au fond du trou de
plantation), enrichir le sol en calcium (cendres de bois, coquilles d’œuf broyées au fond du trou), arroser régulièrement mais en faible quantité.


Autres maladies
Les maladies de la tomate sont trop nombreuses pour les lister ici. On se référera à ce document (pdf) pour plus d'information.

Bien choisir les plantes voisines
Les œillets d'inde protègent les tomates de l'alternariose, des nématodes et des pucerons. La ciboulette chinoise permettrait de limiter les risques de mildiou. Le basilic, les soucis, le persil s'entendraient aussi avec la tomate. La tomate quant à elle protège les cultures de chou de l'altise et de la piéride.